De Meulan, le 18 mars 1900. Journal Le Yacht:

« Très intéressante réunion, dimanche dernier à Meulan, où le CVP essayait trois nouveaux racers, construits spécialement pour la Coupe Internationale des Un-Tonneau.

Sidi Fekkar, (littéralement « Monsieur Pottier » pour ceux qui ne savent pas l’arabe), au syndicat De Boulongne, Pottier et Jouët-Pastré, faisait son entrée à Meulan, en remorque de l’Iris, à 10 heures et demi du matin. Rapidement gréé par son équipage, messieurs Laverne jeune, et Rabot, il a pu se présenter à temps pour prendre part à la course. La forme du yacht, (un descendant du Bélouga de l’an dernier), n’est pas disgracieuse comme celle de son aîné, et l’avant hémisphérique ne manque pas d’originalité. Il a été construit par Pitre, à Maisons-Laffitte. »

Il aura fallu un bon mois et demi, à raison de deux régates par semaine pour départager les candidats à la Coupe. Au final, c’est Sidi Fekkar qui sera choisi pour défendre les couleurs du Cercle et de la France.

Sidi Fekkar, tout comme l’anglais Scotia était un sloop à dérive. Construit en acajou, il faisait 5 mètres de long et 2 mètres 40 de Bau. Il affichait 39 mètres carrés de voilure et sa dérive pesait 50 kilos.

C’est Eugène Laverne, vice-président du Cercle qui l’avait dessiné. Il partageait la barre avec Jules Valton, Pierre Rabot et le fils d’Henri Giudicelli complétait l’équipage.

Sidi Fekkar a été la vedette de la saison. Les photographes n’ont pas manqué de lui tirer le portrait. Très présent dans la sélection du concours de photographies, on le trouve sous tous les angles possibles, au mouillage, à terre, au près, au portant et même chaviré.

L’image d’aujourd’hui le montre de profil, plein vent arrière, ce qui permet de découvrir l’allure d’un spinnaker de l’époque.

Près de lui, tribord arrière, on devine la marque de l’arrivée, bouée en bois, surmontée d’un pavillon. En arrière-plan, des yachts au mouillage, déjà prêts et pavoisés pour les Régates de l’Exposition, programmées la semaine suivante.

On remarque aussi Scotia arrivé quelques minutes plus tôt. Pourtant, cela ne signifie pas que Scotia avait remporté cette course. En effet, les bateaux disposaient d’un quart d’heure pour prendre le départ. Libres à eux de choisir le bon moment. Ils étaient pointés au départ, puis à l’arrivée. Le départ de la course se faisait obligatoirement vers l’amont et l’arrivée vers l’aval. La présence de l’ancien pont, très proche, explique cela.

Sur la photographie, l’équipier très chic en veste et casquette, qui brasse le spinnaker, est Pierre Rabot, l’ami de Gustave Caillebotte.