Qui était-il, Jules Dubois, assis dans ce fauteuil?
Il était passé en coup de vent chez les Caillebotte pour aller au Cercle et le voilà coincé au salon, posant pour son ami. Il n’a pas eu le temps de se débarrasser de son manteau, ni de sa canne et de son chapeau.
Sur ce tableau, on lui découvre une barbe rousse qui n’apparaissait pas sur la photographie de l’album des sociétaires du Cercle de la Voile de Paris.

Jules était le type même du « boulevardier de l’avenir » décrit par un journaliste du Figaro, l’année précédente, un entrepreneur, sportif, téméraire et hardi.
Né en 1842, un peu plus âgé que Gustave et Martial, il avait fait prospérer la boulangerie de son père en mettant à la mode les viennoiseries.
Les airs d’Offenbach flottaient dans la rue ainsi que l’odeur des croissants.
Il s’était un moment associé à monsieur Jacquet; ils avaient lancé le pain grillé, puis Jules avait revendu ses parts et passait la plus grande partie de son temps au Cercle de la Voile, chez les Caillebotte, dans les cafés des Grands Boulevards et parfois dans des lieux plus insolites comme la Société Nationale d’Acclimatation.
Le hasard des recherches nous le présente comme le parrain Gustave Caillebotte en 1882 dans le bulletin de cette association.
Louis Dubois, le père de Jules, était aussi membre de cette prestigieuse société s’intéressant aux animaux et aux plantes. Il avait une propriété à Argenteuil et sans doute un beau jardin en face du Petit-Gennevilliers et puis Gustave Caillebotte rêvait d’une serre pour son nouveau domaine…

Jules Dubois s’était inscrit au Cercle de la Voile de Paris à la fin de l’année 1878, en même temps que Martial Caillebotte. Gustave et Maurice avaient suivi quelques jours plus tard.
Le petit groupe d’amis s’était encore plus consolidé, indissociable.
Jules a été tour à tour, équipier, concurrent, associé dans l’achat de Diver, le bateau anglais de Gustave, mais il a surtout été un des piliers du CVP, aux commandes de la Commission des Courses.
Le journal Le Yacht du 28 mai 1910 nous le décrit ainsi quelques jours après son décès:
« Caractère très droit, il apportait dans toutes les discussions relatives à notre sport un esprit de décision et de fermeté qui lui conciliait toutes les amitiés. Il avait pris une part active à la direction et à l’entretien du pavillon des régates à Meulan. C’est à lui que l’on doit la construction du quai d’embarquement. »

Jules Dubois a eu plusieurs bateaux, clippers, sloops, il était un régatier confirmé et apprécié. La dernière photographie que nous avons de lui le montre aux Mureaux vers 1900, riant, presque farceur.
Le portrait que Gustave Caillebotte a fait de lui Gustave Caillebotte n’est peut-être pas le seul. Le rameur mystérieux du Canotier au chapeau de forme pourrait bien être Jules, aux yeux clairs et au grain de beauté sur le nez.
Qui sait?