« Le Jupiter, la Miss Jane et la Turquoise qui sont partis d’Argenteuil samedi 2 juillet à 10 heurs du matin, sont arrivés à Rouen, le dimanche soir à six heures et demi. La journée du lendemain fut employée à gréer les bateaux et mardi, à huit heures du matin, les trois yachts, auxquels s’était joint l’Inès, quittaient Rouen en escadre pour se rendre à Duclair où ils mouillèrent vers trois heures de l’après-midi. L’un des yachts ayant salué d’un coup de canon, il lui fut aussitôt répondu de terre.
Le mercredi à huit heures du matin, les quatre bateaux mettaient à la voile pour continuer leur route; mais l’un d’eux la Miss Jane, s’étant trop aventurée dans le trou de la Martellerie s’échoua et dut attendre le flot pour rejoindre ses compagnons de route.
La flottille devait quitter Quillebeuf jeudi matin pour de là se rendre à Trouville et au Havre. Dix-sept yachtmen parisiens, sans compter les hommes de l’équipage, sont à bord. » Le Yacht, 9 juillet 1881.

Les yachtmen parisiens viennent de débarquer à l’Hotel d’Angleterre. À leur allure, les deux journées de convoyage n’ont pas été de tout repos. Émile Lamy a les traits tirés, l’échouage de son bateau y est sans doute pour beaucoup.
Leurs marins sont restés à bord, les enfants Michelet aussi.
Seule une jeune femme s’est invitée à terre. Parmi tous ces pantalons, le bas de sa robe apparaît entre les pieds des chaises. Tous fixent le photographe, elle regarde Gustave. Ils sont immobiles, elle malmène la chaise à ses côtés et se tortille comme sur le tableau Madame H. de Caillebotte. On entendrait presque le peintre lui dire: Tiens-toi droite !
Dans deux ou trois semaines, elle posera pour le tableau Chemin montant. Le modèle masculin étant Martial Caillebotte qui aujourd’hui s’appuie sur le dos de sa chaise.
Ce ne sont que des suppositions. Nulle preuve que ce soit Charlotte Berthier qui accompagne ces messieurs du Cercle de la Voile, mais il est fort probable que la mystérieuse compagne de Gustave soit sur cette photographie.

Les régates de l’été ont réussi à Gustave Caillebotte, cet été-là. Premier prix de sa série, prix d’honneur au Havre, il collectionne les médailles.
Mêmes résultats à Trouville pour Paris à la Mer, la semaine de courses organisées par le CVP.
L’un des fils Michelet avait gagné la plus belle, celle du sauvetage, il n’avait pas hésité à se jeter à l’eau pour secourir un autre régatier.

La plupart des régatiers du Cercle passaient l’été en Normandie, naviguant le long de la côte en suivant le circuit des compétitions. Les Michelet, Desouches, Leroy d’Étiolles, Fraimbault et Lamy représentaient brillamment leur club et raflaient la plupart des prix.
Sur la photographie, on reconnaît Martial et Gustave Caillebotte. Entre eux, Émile Michelet, puis à gauche, Émile Lamy.
Le jeu de piste se poursuit pour mettre des noms sur les visages.