« Argenteuil, 12 juin. La régate internationale à vapeurs de cette année aura été très intéressante, un nombre assez considérable de bateaux s’étant fait inscrire. Le départ avec rendement de temps déduit d’avance, s’est fait très facilement et sans aucune avarie. La longueur totale du parcours était de 22 kilomètres 800.

Les bateaux partaient en remontant le courant, allaient virer une bouée mouillée à 50 mètres en aval du pont de chemin de fer d’Argenteuil, puis une autre bouée à 50 mètres en- dessous du pont de Bezons; ils avaient à faire trois fois ce trajet. […] Le Chaboisseau à Mr Caillebotte, ayant fourni la plus grande vitesse sans allégeance, remporte le prix de la Coupe. » Le Yacht du 18 juin 1887.

Cette régate de bateaux à moteurs était devenue un événement incontournable dans le monde du yachting automobile parisien.

Chaboisseau, le bateau de Martial Caillebotte, était un bien joli yacht, même s’il portait le nom d’un vilain poisson. Maurice Chevreux en avait dessiné le plan et il avait été construit quelques mois auparavant aux nouveaux Chantiers Luce, du Petit-Gennevilliers, à deux pas de chez Gustave.

Pour Martial Caillebotte, la course avait duré 3 heures, 40 minutes et 22 secondes, presqu’un quart d’heure avant l’arrivée de son poursuivant, Allegro, le vapeur du président du Cercle.

Sa victoire avait été favorisée par l’excellent moteur mis au point par Charles-Alfred Trépardoux.

Cet ingénieur, associé du mécanicien Georges Bouton, venait d’ouvrir un atelier rue des Pavillons à Puteaux avec l’aide de Jules-Alfred de Dion.

Les succès avaient suivi.

Les steam-yachts du CVP constituaient une belle flotte. Certains avaient pour port d’attache Trouville, Le Havre ou Rouen, mais les plus petits d’entre eux étaient au mouillage devant le club-house du Cercle au Petit-Gennevilliers.

Sur le tableau de Gustave Caillebotte, les deux vapeurs représentés doivent être Casse-Museau et Chaboisseau.

Casse-Museau, le plus petit au premier plan, avait été le premier bateau à moteur de Martial, et en 1886, il appartenait à Maurice Brault.

Chaboisseau doit être celui en arrière-plan, tout à gauche.

Ces bateaux servaient aussi au remorquage des voiliers de ces messieurs.

Le voilier à droite sur le tableau, qui aujourd’hui n’était pas le sujet principal, est le Cul Blanc, l’adversaire du célèbre Condor.