Le calendrier de l’Avent 2025 / 22 – Bona Fide
Bona Fide
Le Yacht, 2 juin 1900, après les régates de l’Exposition.
« La Bona Fide excite une curiosité bien naturelle. C’est un bateau bas sur l’eau, sans tonture, à l’arrière coupé court par un tableau carré, et par certains côtés, il rappelle la Favorite. […] Le plan de voilure est très élégant et les voiles bien faites. »
Bona Fide avait joué les stars, elle s’était faite attendre toute une semaine. Par suite d’un malentendu administratif, elle s’était trouvée retenue en douane à Bercy, pendant que son équipage se morfondait à Meulan, rageant d’assister à des courses auxquelles elle aurait pris une belle part.
Heureusement, la belle avait été libérée à temps pour participer à la dernière course, qu’elle avait remportée avec panache.
Nous la voyons sur la photographie, seule, virant la bouée d’aval. Elle a, à ce moment-là, une vingtaine de minutes d’avance sur tous les autres concurrents.
Ce bateau n’en était pas à sa première victoire. Construite à la fin de l’année 1899, à Cowes, pour monsieur Howard Taylor, Bona Fide avait raflé toutes les premières places des régates de printemps en Méditerranée. Son architecte, Charles Sibbick, l’avait dessinée en conformité aux règles d’Outremanche, où l’on appliquait la formule Godinet, c’est à dire, la jauge nationale française. C’était osé.
Née anglaise, pour régater en France, elle avait tenu ses promesses.
Bona Fide, encore vaillante et parfois victorieuse, régate toujours sur les eaux bleues de la Méditerranée, sous pavillon italien. Quel parcours !
Les Régates de l’Exposition ont eu un grand succès. Après les quatre journées organisées à Meulan, les plus grands bateaux, entre 10 et 20 tonneaux, s’étaient retrouvés au Havre pour trois courses, la Seine étant trop étroite pour eux.
On aurait aimé voir sur les photographies, Lérina, barrée par Hélène de Pourtalès, qui avait remporté l’une des courses, première médaillée d’or à la voile. Malheureusement le numéro 44 n’apparaît pas sur les images. Le bateau figure certainement parmi toutes les voiles qui couvraient le fleuve, mais le manque de vent les avait peu gonflées, les chiffres sont illisibles.
Si la photographie de bateaux est technique, elle est également soumise au hasard et à la chance. On attend un numéro de voile, un autre surgit, on en espère un autre, en vain. Nous n’avons pas reconnu non plus les deux yachting ladies à bord de Baby, deux ombres claires, presque un mirage.
Ces Régates de printemps sur la Seine avaient été exceptionnelles. Ce qui l’est autant ce sont ces quelques plaques de verre, témoignages inédits pour la plupart. Plus que deux images à présenter. Bientôt la fin.




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