Kiss
« Quand il s’agit de photographier un bateau en marche, il faut s’appliquer à obtenir tout le gréement, car fort souvent, on ne trouve sur la plaque qu’une partie de la mâture ou la moitié de la coque. Une certaine patience est nécessaire. […]
Quand on dispose d’un certain budget et que l’on ne regarde pas aux frais, on a avantage à employer un appareil double, ayant deux objectifs identiques dont l’un servira de viseur. Le châssis de l’autre doit être placé d’avance, et le volet peut être ouvert dès qu’on apercevra le but.
Il suffit alors d’une pression sur la poire ». Archives Gallica.
Voilà les conseils que Georges Leys pouvait lire dans le bulletin du Photo Club de Paris, qu’il avait intégré en 1894.
Georges était un sportif accompli. La revue L’Aérophile disait de lui: « On réussirait mieux à citer les sports que monsieur Leys n’a pas pratiqué, qu’en rappelant ceux qu’il a passionnément cultivés. »
Le yachting à moteur lui avait particulièrement réussi, le même journal citait ses exploits avec son merveilleux bijou, Kiss, canot à pétrole de 6 tonneaux, dessiné par Texier.

On peut donc imaginer que ce soit Georges qui ait photographié son bateau au mois de mai 1900, pour le concours de photographies. Comme d’autres membres du Cercle, il avait prêté son canot automobile pour les courses du printemps.
L’équipe anglaise s’était vue attribuer Kiss, le nom du bateau leur allait bien. Un bisou de consolation pour la défaite lors de la Coupe, ou un baiser pour la victoire de Scotia aux régates de l’Exposition ?
Le deuxième canot à pétrole, à couple de Kiss, portant le guidon du Yacht Club de France, est Ivonitz à Maurice Brault. L’ami de Gustave Caillebotte était, en 1900, membre des deux clubs, CVP et UYF.

La photographie n’est pas très bien cadrée. Georges était plus doué au volant d’une automobile ou d’un manche d’avion, aux côtés de son copain Maurice Farman, que derrière le viseur de son appareil photographique.
Il s’en est fallu de peu pour qu’on ne puisse pas lire Kiss!