Historique
TRADITION ET DYNAMISME
Créé en 1858 sous le nom du Cercle des Voiliers de la Basse Seine, le Cercle de la Voile de Paris sous sa forme actuelle naît de la fusion de ce dernier avec le Cercle des Yachts de Paris en 1868.
LES TEMPS HÉROIQUES (1858-1918)
Dès ses débuts, le Cercle de la Voile de Paris s’installe à Argenteuil, haut lieu de la voile parisienne, où depuis 1846 de lourdes embarcations venues de la mer et appelées « cutters » peuplent le petit port.
Son pavillon actuel est alors dessiné par le peintre Morel-Fatio, conservateur du Musée de la Marine.
Sous l’impulsion de Lucien More, son président de 1876 à 1878, le Cercle de la Voile de Paris élabore ses premiers règlements et développe son activité. En 1877, le Cercle de la Voile de Paris établit un nouveau mesurage au tonnage, réglemente les courses de vapeur et installe à Argenteuil un pavillon de régate, le premier à appartenir en propre à un cercle nautique en France.
Vers 1880 la vogue des régates bat son plein à Argenteuil. De 20 à 30 voiliers de toutes sortes prennent ainsi régulièrement part aux régates.
Pour compléter son standing et maintenir la cohésion de ses troupes pendant l’hiver, le Cercle s’installe alors 11, rue Saint-Lazare à Paris. Des conférences faites par les gens les plus idoines remémorent aux uns et apprennent aux autres tout ce qui se rattache de près ou de loin à la navigation.
C’est aussi dans ces mêmes années qu’est fondé, à l’initiative de certains membres du C.V.P., le journal Le Yacht.
Le Cercle de la Voile de Paris est encore à l’origine de la définition des jauges et des séries modernes. Ainsi les jauges de 1892 et 1899 inspirent la jauge internationale de 1906, cette nouvelle formule qui ouvre un champ si vaste à l’activité du yachting européen d’abord et mondial ensuite.
C’est à cette époque qu’est créée la Coupe internationale du Cercle de la Voile de Paris, anglicisée sous le nom de « One Ton Cup », réservée à la plus petite série de la jauge, alors les « un tonneau ».
Au Cercle de la Voile de Paris naissent, vers 1892, l’Association Française du Yachting de Course qui prend pour la première fois la défense des intérêts des coureurs et l’Union des Sociétés de Rivières qui réunit en un groupement toutes les sociétés qui ne sont pas sur le bord de mer.
C’est également de ses délibérations et des initiatives de certains de ses membres que plus tard naissent et se développent certaines classes de yachts de course : les 6 n 50, les monotypes minima de la Manche, la Série des Rivières, les Chats, les monotypes nationaux, les Sharpies de 9 mètres carrés et, plus tard, les Bélougas. Le C.V.P participe à l’introduction en Europe de la classe mondiale des Stars et en France de celle des Finns.
En 1893, le Cercle de la Voile de Paris quitte Argenteuil. Le chemin de fer de l’Ouest a jeté sur son bassin un pont qui le coupe en deux. C’est l’exode des habitués d’Argenteuil à la recherche du coin rêvé. Arrivé à la berge des Mureaux, le Cercle de la Voile de Paris mouille moralement ses ancres et reconstruit une nouvelle demeure inaugurée le 14 mai 1894 par l’amiral Baron Lagé, président de l’Union des Yachts français. Ce pavillon se voit augmenté vers 1899 d’une construction nommée le Rallye Auto bâtie pour y garer les automobiles. En 193 1, le Club House devenant trop étroit, le Comité décide de l’agrandissement du pavillon de 1894 qui est alors flanqué d’un nouveau bâtiment.
Si le Cercle de la Voile de Paris compte 12 membres en 1868, en 1877 ceux-ci sont 119. En 1881, 117 bateaux et 200 membres sont inscrits. En 1887, 243 membres et 184 yachts.
Lors des régates de l’exposition universelle de 1900, il y a plus de 100 yachts en course. Aux bateaux de Paris, Rouen, Cannes, Nantes et Arcachon se joignent des yachts d’Angleterre, d’Allemagne, des Etat-Unis et de Hollande. Le Cercle de la Voile de Paris réunit à lui tout seul cette année là 227 membres et 156 bateaux sous son pavillon.
En 1914, avant la première guerre mondiale, le Club parisien est à son apogée. Sa Coupe internationale, restée en Allemagne très longtemps, est détenue par l’Angleterre, à qui le Cercle de la Voile de Paris livre de furieux assauts. Le Roi d’Espagne, Alphonse XIII, membre Haut Protecteur du Cercle, vient de créer à son intention la Coupe du Roi d’Espagne. Cette même année les 6 mètres, 8 mètres et 10 mètres du Cercle sont engagés dans toutes les rades françaises et étrangères où se tiennent des régates. La réputation du Cercle est un fait accompli.
LES TEMPS MODERNES (1918-2008)
En 1919, au sortir de la guerre, le Cercle de la Voile de Paris est en panne et la remise en route est longue et pénible. Malgré la présidence d’Albert Glandaz qui restaure et améliore le club house et le fameux « rallye » devenu salle à manger, le Cercle végète tristement. Seuls quelques bateaux, souvenir d’avant-guerre, sillonnent le bassin.
Mais une petite flamme va bientôt jaillir. La Coupe du Cercle de la Voile de Paris dormait dans les armoires du Royal Thames Yacht Club depuis 1913. L’accord se fait en 1920 avec les Anglais pour la courir de nouveau sur les 6 m 50. On recommence à construire. En 1923, on voit réapparaître à Meulan bon nombre d’unités nouvelles.
En même temps les séries des 6 mètres et des 8 mètres renaissent doucement de leurs cendres. Les Jeux Olympiques de 1924, organisés à Paris et au Havre, vont donner le départ des temps nouveaux avec l’équipe dirigeante composée par Michel Houyvet, président, et Serge Paulmier, secrétaire général. Virginie Hériot, Louis Bréguet, les frères Lesieur, Maurice et Georges Draeger font construire de nouveaux bateaux malgré la concurrence d’un nouveau club voisin, le CNC, qui devait donner naissance plus tard à l’YCIF. Eugène Laveme et Albert Glandaz lancent les courses en solitaire.
En 1928, le Cercle de la Voile de Paris retrouve, en même temps que son esprit, sa vigueur d’autrefois, construit un nouveau bâtiment, pratique une politique rationnelle de séries, prend la tête d’un mouvement pour créer les championnats de France, invente le Bol d’Or, lance la course par équipe et ses équipages sont sur tous les plans d’eau.
Sous l’influence de la commission des courses, le nombre de séries admises est rigoureusement limité. Il faut attendre 1938 pour que soit introduite au Cercle une nouvelle série, le Sharpie de 9 mètres carrés, correspondant aux besoins croissants de la régate en solitaire. Le Cercle de la Voile de Paris est alors spécialisé dans des séries monotypes très internationales permettant de nombreux contacts avec l’étranger. La grande équipe du C.V.P. s’affirme : Jacques Lebrun, porte-drapeau; Georges Tissier, Jean-Jacques Herbulot, François Sergent, les techniciens; François Laveme et Perrissol, les hommes de bon sens; Claude Desouches, Jacques Draeger, Whitechurch, Garnier, Pouvreau, Berthelot, Plé, Gérard de Piolenc, de Vienne, Jean Peytel, élément moteur et théoricien, et tant d’autres…
On court partout, on invente des formules nouvelles. Le « Bol d’Or » de 1930 est une révélation et un succès. Le Cercle de la Voile de Paris gagne la plupart des championnats de France et fait prévaloir à la Fédération les principes sportifs de son équipe dirigeante.
C’est l’époque des grandes aventures : les Etats-Unis de 1930 à 1934, la Scandinavie
chaque année, l’Italie, l’Allemagne, la Hollande l’Angleterre, la Belgique voient les équipages du Cercle défiler, seuls Français représentés. A Meulan sont invitées les meilleures équipes d’Europe et c’est au Cercle de la Voile de Paris que se créent, peu à peu, les bases de ce que sera le yachting moderne avec ses échanges fréquents et ses régates athlétiques.
En 1932, comme en 1936, l’équipe olympique française sera entièrement composée par les membres du Cercle de la Voile de Paris et leurs bateaux. Et c’est Jacques Lebrun qui en 1932 fait monter le pavillon tricolore sur le stade olympique de Los Angeles. En France, la vieille garde du Cercle – Bréguet, Desouches, Boyd, Piquerez, Draeger, puis Gaudennen et Cadot – maintient le flambeau du grand yachting. En 1933 le Cercle de la Voile de Paris fête ses 75 ans.
Cette très grande époque du Cercle de la Voile de Paris trouve son apogée dans les régates de l’exposition de 1937 qui réunissent à Meulan trente Stars appartenant à six nations et cinquante Chats.
Les années 1930 sont non seulement une période prestigieuse pour le C.V.P., mais aussi un tournant historique, puisqu’elles amènent le vieux club traditionnel à prendre la tête du développement en France des séries légères.
Après la seconde guerre mondiale, le Cercle de la Voile de Paris n’a plus de 6 mètres ni de Chats, mais se spécialise dans trois séries : les Stars, les Sharpies et un nouveau monotype dessiné par Jacques Lebrun et Cornu, le Bélouga. L’année 1947 voit revivre le fameux « Bol d’Or » et les déplacements à l’étranger.
Sous l’impulsion de l’équipe d’avant-guerre, Perrissol, Lebrun, Herbulot, André Plé, et des nouveaux, Guy Baudoin, Philippe Chancerel, Jean Berthelot, les régates internationales reprennent à Meulan où on se prépare aussi aux Jeux Olympiques de 1948. Peu à peu le club-house s’améliore et prend sa for-me actuelle. J.J. Herbulot transforme l’austère salle à manger et construit un nouveau bâtiment de chambres, toutes rapidement occupées.
En 1953, les Sharpies font place au Finns, les Bélougas, si florissant pendant dix ans disparaissent peu à peu mais la flotte des Stars est renouvelée. En 1954, c’est le lancement du 505 qui éclipse bientôt le Caneton à Meulan. En 1955, le Mousse est retenu pour les juniors.
En 1958, le Cercle de la Voile de Paris fête son centenaire. De nombreuses cérémonies, associant les Clubs alliés et des clubs étrangers, se déroulent tout au long de l’année. La publicité faite autour du centenaire, grâce notamment à un Album commémoratif, permet d’accroître la notoriété du Cercle dans le milieu sans cesse grandissant de la voile.
A partir . de 1960, l’activité sportive s’oriente vers le dériveur, alors en plein développement. Les Bélougas, dont le nombre continue de décroître, sont provisoirement abandonnés en 1963 au profit de séries nouvelles, les Highlanders et les Raz, qui auront elles-mêmes du mal à s’imposer. Seuls les Stars résistent à l’essor des dériveurs.
Des équipes brillantes remportent de nombreuses épreuves sur Finn, Europe, Flying Dutchman et 505. A chaque championnat de France, d’Europe et du monde, de même qu’aux Jeux Olympiques, le Cercle de la Voile de Paris fournit son contingent de médaillés : Buffet-Nottet et Poulain-Groudou en 505, Verneuil en Finn, Draeger-Gravier en FD, Choudrye et de Bokay en Star, parmi beaucoup d’autres. – .
La fin des années 60 est marquée par deux événements d’importance pour le Cercle : l’apparition du Soling, nouvelle série olympique qui s’implante rapidement à Meulan, et le renouveau du Bélouga grâce à sa nouvelle coque plastique.
Ces deux séries seront, aux côtés des dériveurs toujours plus nombreux, les fers de lance de l’activité sportive du Cercle jusqu’à la fin des années 70. Les grandes épreuves organisées à Meulan, notamment le Bol d’Or, et la participation à de nombreuses régates extérieures sont l’illustration de la vigueur et du dynamisme du Cercle.
C’est encore en 1970 et 1974 que le Cercle de la Voile de Paris relève le défi de l’America Cup auprès du New York Yacht Club. Ce défi, repris par d’autres ensuite, relancera l’intérêt des régatiers de tous pays pour cette coupe et permettra, en suscitant les vocations australiennes, néo-zélandaises, italiennes et britanniques, de mettre fin à la suprématie américaine.
C’est aussi en 1975 que le Cercle crée la Mini Ton Cup dont le succès est tel qu’elle devient en quelques années une épreuve majeure du circuit des Ton Cups.
Les Solings, sous l’impulsion d’équipages nouveaux qui veulent suivre l’exemple de Patrick Haegeli, sélectionné olympique en 1988, connaissent un essor sensible : 15 bateaux naviguent régulièrement à Meulan, l’Open Soling Trophy attire de nombreux Solings extérieurs et les bateaux du Cercle n’hésitent plus à courir les grandes épreuves françaises, comme le Derby de la Baule ou les championnats de France.
Les 505, toujours animés par Marcel Buffet, et les Europe continuent à témoigner à l’extérieur du dynamisme du Cercle et de son activité dériveur:
Avec plus de 300 membres fin 1990, le Cercle de la Voile de Paris sort renforcé de la période difficile des années 75-85. Le renouveau démographique, le rajeunissement des équipages, le développement de séries homogènes et dynamiques, la spécialisation relative de Meulan sur le créneau des quillards monotypes de compétition, le dévouement des animateurs de flottes et des dirigeants du Cercle, un Club-House et des bâtiments annexes remis à niveau, un cadre de loisir agréable, autant d’éléments favorables qui permettent au Cercle de la Voile de Paris d’envisager son avenir avec sérénité et de se préparer avec confiance aux grands défis sportifs de la fin du siècle.
Textes écrits par Jean Savoye, Jean Peytel, Roger Jambu-Merlin, Laurence et François Laborde.
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